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Tielmann Stella, Globe céleste et terrestre

Tielmann Stella, Globe céleste et terrestre, dit le Globe de Saint-Gall, seconde moitié du 16e siècle, Zurich, Musée national suisse.

Projet

La présence d’objets et de cabinets de curiosités dans l’enceinte des bibliothèques caractérise de nombreuses bibliothèques d’Ancien Régime. L’interaction entre livres et objets est thématisée comme un enjeu bibliothéconomique primordial dès le 17e siècle: monnaies, médailles, instruments scientifiques, spécimens et exotica dialoguent avec les livres afin de nourrir le projet de connaissance encyclopédique de la bibliothèque. À la fois ornements, illustration et compléments du savoir livresque, artefacts et échantillons naturalistes mettent en scène la confrontation entre le discours écrit et sa transposition dans la matière. 

 

À la suite de la Révolution française, les cabinets sont cependant progressivement évacués des bibliothèques et, dans beaucoup de cas, acquièrent le statut de musées. Les causes de cette autonomisation sont fondamentalement pratiques, ces collections ayant atteint une ampleur telle que leur conservation et présentation empiète sur l’espace et l’attention réservés aux livres. De surcroît, l’acquisition de cette indépendance se produit alors que les disciplines se spécialisent; dès lors, on considère que la gestion des objets fait appel à des compétences ne relevant plus de la bibliothéconomie.

 

Le territoire suisse reflète parfaitement ce phénomène. Les bibliothèques publiques qui se créent sous différentes formes dans les centres urbains à partir du 17e siècle ont fonction de «réservoirs à musées» tout au long du 19e siècle, voire au-delà. Géographiquement circonscrit, l’exemple helvétique constitue donc un excellent cas d’étude pour questionner les enjeux de ces dynamiques institutionnelles, scientifiques, économiques et politiques. 

 

Financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (instrument PRIMA), le projet Bibliothèques et musées en Suisse entre 18e et 19e siècle réunit l’expertise d’historiens de l’art, des sciences et des informaticiens. Il a été lancé en août 2022 à l’Université de Neuchâtel, en collaboration avec l’Université de Berne et la plateforme hallerNet. Ce partenariat aboutira notamment à la réalisation d’un inventaire des cabinets d’histoire naturelle suisses du 18e siècle et à dégager des pistes de réflexion interdisciplinaire, pour repenser les paradigmes de l’histoire des collections.

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